Inspiration

La chaleureuse culture japonaise du café

Au Japon, le café traditionnel, connu sous le nom de kissaten, joue un rôle important. Au-delà de l’art du barista, il est un lieu essentiel du quartier grâce à son atmosphère paisible et à son café infusé à la main.

Les kissatens japonais sont bien plus que de simples cafés. À l’instar de Mazda qui stimule et dynamise ses conducteurs, le kissaten joue le rôle de pierre angulaire de la communauté en consacrant du temps à ses clients fidèles grâce à l’omotenashi – une forme d’hospitalité et de respect.

La culture mondiale du café que nous connaissons aujourd’hui remonte au début du XVIe siècle, au Moyen-Orient et en Europe. À cette époque, les intellectuels, les hommes d’affaires, les politiciens et la population se rencontraient en savourant une tasse de café. Toutefois, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le Japon, à des milliers de kilomètres de là, a adopté cette culture.

Au départ site web vendant du matériel spécialisé, Kurasu sert aujourd’hui du café de haute qualité produit à Kyoto et défend la culture japonaise du café dans le monde entier, avec des succursales à Singapour et à Bangkok.

Traditionnellement, le Japon avait une forte préférence pour le thé vert avant de connaître ce changement culturel. Dès le XVIIIe siècle, le café fait son entrée dans le pays par l’intermédiaire des marchands hollandais, mais il ne conquiert pas les cœurs de la population qui le trouve amer.

Or, la cote du breuvage remonta lorsque le Japon mit fin à 275 ans d’un isolement international qui interdisait les échanges commerciaux avec d’autres pays. Celui-ci levé, l’influence de la culture occidentale conduisit les Japonais à intégrer davantage ce mode de vie dans leur quotidien. D’où l’essor de la popularité du café et, par conséquent, l’émergence d’établissements traditionnels de style japonais, appelés kissatens.

Les petits nouveaux

Près de 200 ans plus tard, le boom de la troisième vague du café, observé dans des villes comme Londres, New York et Melbourne, bat également son plein au Japon. Le pays aurait joué un grand rôle dans cette tendance caractérisée par des grains de café de qualité supérieure et un souci du détail, en particulier dans l’amélioration du café préparé à domicile, y compris la technique de filtration et le temps nécessaire à l’infusion. Aujourd’hui, la demande pour une tasse de café traditionnel fumant y est plus forte que jamais.

Le Kurasu est l’un de ces cafés spécialisés qui occupent le devant de la scène. Il s’agit d’une entreprise de vente au détail basée à Kyoto, qui propose du café artisanal et une gamme d’articles pour la maison bien choisis. Ancien courtier chez Goldman Sachs, Yozo Otsuki, le PDG de Kurasu, a fondé l’entreprise alors qu’il travaillait en Australie, après son départ de la banque américaine.

Yozo Otsuki (à gauche), Ayaka Oki (au centre) et Masataka Sugiura (à droite) ont une passion commune pour la culture japonaise du café et la communauté qu’elle a créée.

« J’ai commencé par un site de vente en ligne d’articles ménagers japonais, qui s’est avéré très populaire, explique Otsuki. Au fur et à mesure que l’activité se développait, j’ai remarqué qu’une grande partie des ventes provenait des articles pour le café, ce qui m’a incité à ouvrir mon propre établissement. »

L’ouverture d’une boutique après le succès d’un site de vente en ligne peut sembler une décision purement stratégique, mais l’idée lui est venue naturellement, dit-il.

« À Kyoto, lorsque j’étais enfant, mon père et ma mère tenaient chacun un café fréquenté par les amateurs de jazz », dit Otsuki. Il se souvient encore de ces cafés, de l’ambiance, de l’odeur du café, du sentiment d’appartenir à une communauté, des discussions et des interactions entre les clients.

En 2016, Otsuki a ouvert son premier café Kurasu à deux pas de la gare de Kyoto. C’est désormais un endroit très fréquenté par les résidents et les touristes, où les clients engagent régulièrement la conversation avec leurs voisins pour passer un bon moment tout en savourant un café, tout comme dans les établissements de ses parents. Les événements et les ateliers organisés par Kurasu encouragent également les habitués du magasin à rencontrer les baristas. La conception même de la boutique de Kyoto permet aux clients de voir les baristas à l’œuvre et d’éprouver un sentiment d’appartenance.

Depuis, Otsuki en a ouvert une autre, également à Kyoto, et a créé des antennes de Kurasu à Singapour, en Thaïlande et, plus récemment, en Indonésie. L’internationalisation? Certes, mais la vision d’Otsuki est fermement ancrée dans sa ville natale de Kyoto et dans sa culture du café.

« Notre principal objectif est de faire connaître l’incroyable culture japonaise du café, conclut Otsuki, et la beauté de la communauté qui s’est construite autour d’elle. »

« Nous avons des habitués qui viennent boire un café depuis plusieurs décennies. »

MITSUO KURATA

Les gardiens de la culture traditionnelle du café au Japon

Les kissatens traditionnels – en général équipés de tables et de chaises en bois patinées, d’abat-jour en verre teinté et de vieux tourne-disques diffusant des chansons françaises – sont apparus et ont disparu lorsque le concept n’en était qu’à ses débuts. L’un des rares qui subsistent encore est le Café Tajima. Voisin d’un autre pilier du pays, la gare de Shinjuku – l’une des plus fréquentées de Tokyo – le Tajima propose du café filtré au goutte-à-goutte, obtenu en versant de l’eau chaude sur du café moulu, ce qui lui permet d’infuser pendant plus longtemps. Avec un choix de 16 cafés, torréfiés à la flamme nue, il y en a pour tous les goûts.

Tenu par la même famille depuis trois générations, le Café Tajima est l’exemple parfait de la culture traditionnelle du kissaten. « Mon grand-père a ouvert un commerce à cet endroit précis de Shinjuku – où ce café se trouve aujourd’hui – au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il y vendait des valises et d’autres produits du quotidien », confie Mitsuo Kurata, le propriétaire actuel du café, à Mazda Monde. « En 1964, il l’a transformé en café pour les habitants et les travailleurs du quartier. »

Shinjuku est unique en ce sens qu’il a toujours accueilli un large éventail de personnes de milieux très différents – résidents, employés de bureau, fonctionnaires, touristes japonais et étrangers, sans oublier les employés du secteur du divertissement et de la vie nocturne (le fameux quartier de Kabukicho est à deux pas) qui convergent tous ici.

L’endroit très animé et fréquenté peut s’avérer insupportable pour certains. Un tel cadre a besoin d’un coin tranquille. Heureusement, les kissatens sont là.


Texte Shogo Hagiwara / Images Tajima et Kurasu

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