INSPIRation

« Je me demande si de l’essence ne coule pas dans mes veines. »

Ángela Patricia López, présidente de Mazda Colombie

Lors de notre entretien Zoom avec Angela Lopez, la première femme présidente de Mazda Colombie évoque sa carrière, sa famille et sa passion pour les voitures.

Qu’est-ce qui a éveillé votre passion pour les voitures?
Mon père travaillait dans le secteur automobile. Je me souviens que très jeune – vers 6 ou 7 ans – il m’emmenait à la présentation des derniers modèles en Colombie. J’allais au salon de l’automobile de Bogotá pour voir les voitures avec lui – à l’époque, tout cela me semblait une expérience merveilleuse. C’est pourquoi je dis que je dois ma passion des voitures à mon père. Il m’emmenait sur les circuits pour voir les courses de camions et de voitures de tourisme; c’était formidable. Et il prenait aussi beaucoup de plaisir à conduire. Nous faisions de longs voyages en voiture; nous montions dans la voiture et nous roulions pendant 18 heures de Bogotá jusqu’à la côte.

Ce n’est donc pas un hasard si vous avez fini par travailler dans ce secteur?
En fait, c’est un peu par hasard. Lorsque j’ai terminé mes études, on m’a appelée à l’université pour me dire que j’avais un entretien avec le département marketing de CCA. On m’a dit de me présenter le lendemain à tel endroit, à telle heure. Je n’avais aucune idée de ce qu’était la CCA. J’ai dit à mon père, « J’ai un entretien à cet endroit appelé CCA. » Il a sursauté et s’est exclamé : « C’est la Compañía Colombiana Automotriz. C’est Mazda! » Il était si heureux, si fier. Il était si fier que c’est le seul de mes entretiens de stage où il m’ait accompagnée. Il est venu jusqu’à l’entrée. Et c’est là que j’ai fait mon stage chez Mazda en 2003.

À ce moment-là, si tôt dans votre carrière, vous auriez pu essayer d’autres secteurs. Pourquoi pensez-vous que Mazda a eu un tel effet sur vous?
Cela a été un coup de foudre. Mon stage a été incroyablement enrichissant. En général, lors d’un stage, les étudiants n’ont pas vraiment l’occasion d’acquérir des connaissances approfondies sur l’entreprise. Mais mon stage chez Mazda s’est déroulé pendant une période cruciale pour l’entreprise, au cours de laquelle la stratégie de communication habituelle est passée à celle de la génération Vroum-Vroum. Nous sommes passés des Mazda 323 et 626 au lancement de la Mazda6. À l’époque, c’était un changement révolutionnaire. J’étais là pendant cette transition qui m’a passionnée. J’ai réalisé à quel point il est intéressant de créer un marché pour les voitures – les voitures suscitent la passion, la connexion, l’affinité. C’est gratifiant. Il y a tant d’histoires à raconter sur une voiture, sur sa conception et sa production. Je dis toujours à mes amis qui travaillent à la commercialisation de produits comme le pain ou la crème pour le visage que, même si leur travail est sympa, ces produits ne créent pas d’adeptes, ils ne suscitent pas de passion. Ils sont loin de susciter les mêmes réactions qu’une automobile.

« Je suis optimiste. Je suis têtue. Pour moi, garder des pensées positives, affronter les défis de manière optimiste, est fondamental pour atteindre n’importe quel objectif. »

Vous avez débuté comme stagiaire et vous êtes aujourd’hui présidente de Mazda Colombie. C’est une sacrée trajectoire! Vous êtes même la première femme à ce poste. Quels exemples vous ont montré qu’il était possible d’atteindre un tel objectif?
Le plus bizarre, c’est que je n’ai jamais eu pour objectif de devenir présidente. Je voulais plutôt donner le meilleur de moi-même et créer les opportunités pour faire progresser l’entreprise. Pour ce qui est du modèle à suivre, le leader fort que j’ai toujours admiré est ma mère. Elle est une travailleuse acharnée depuis toujours. Lorsque mes frères et sœurs et moi-même étions petits, nous étions pris en charge à la maison par une femme qui est devenue comme une seconde mère pour nous. Elle s’occupait de nous avec amour et faisait les tâches ménagères, pour que ma mère puisse travailler tout en nous offrant une bonne éducation. Ma mère a toujours été une femme forte, et très organisée. Elle savait toujours ce qu’il y avait sur le compte épargne, planifiait les dépenses de notre famille, les investissements, pour qu’il n’y ait aucun souci. L’équilibre qu’elle a trouvé entre le travail et l’attention qu’elle nous portait, en veillant à ce que nous progressions et que nous ayons une bonne qualité de vie, c’est quelque chose que j’ai toujours admiré.

Je me doute qu’elle a été un peu critiquée par son entourage pour avoir fait le choix de poursuivre sa carrière. S’il n’est pas rare aujourd’hui que les femmes travaillent, à son époque, cela devait être inhabituel.

Mon père nous a toujours dit : « Si votre mère n’avait pas été là, nous n’aurions jamais eu tout ce que nous avons acquis. » Même s’il était difficile à l’époque de gravir les échelons d’une entreprise, la Colombie a toujours été très matriarcale. Les femmes d’ici ont un caractère fort; elles prennent une bonne part des décisions les plus importantes du foyer. Je crois donc qu’en raison de ce passé, la nouvelle génération est convaincue que, face aux hommes, nous ne sommes ni faibles ni différentes. Nous nous sentons totalement autonomes. Et, dans mon cas, je n’ai jamais eu l’impression de subir une discrimination, ni d’être moins capable ou moins appréciée qu’un de mes collègues; ce comportement, lui aussi, donne de la motivation. À l’époque de ma mère, même si les choses allaient changer et s’améliorer plus tard pour ma génération, les femmes avaient déjà le sentiment d’être autonomes. C’étaient des femmes fortes qui devaient apporter une contribution importante à leur foyer. Il y a encore plus longtemps, ma grand-mère, par exemple, était commerçante. Elle achetait et vendait des marchandises dans les villages de Colombie.

« Je n’ai jamais eu pour objectif de devenir présidente. Je voulais plutôt donner le meilleur de moi-même et créer les opportunités pour faire progresser l’entreprise. »

La géographie de la Colombie est spectaculaire, avec un littoral caribéen et un littoral pacifique, la biodiversité de la jungle amazonienne et de nombreux sommets dépassant 5 000 mètres d’altitude. Y a-t-il des régions à explorer en voiture?
L’un de mes endroits préférés est Boyacá, qui se trouve à environ une heure et demie de route de Bogotá. J’ai un lien affectif avec ce lieu car j’y suis souvent allée avec mes parents quand j’étais enfant. Boyacá est une région magnifique où la cuisine est remarquable. On y trouve des fruits tropicaux peu connus au-delà de nos frontières, comme le feijoa qui est une sorte de croisement entre un concombre et une goyave – c’est un peu étrange, mais j’adore ça. La région de Boyacá est surnommée le « garde-manger agricole » de la Colombie car on y cultive des légumes comme la pomme de terre, le manioc, l’oignon. En la traversant, il est merveilleux d’observer la récolte des cultures locales typiques dans les grandes plantations; il est également possible d’acheter des produits frais au bord de la route. Les itinéraires traversent les montagnes et suivent des lacs magnifiques.

Quelle voiture avez-vous?
En ce moment, j’ai un Mazda CX-30 que j’utilise surtout pour les activités liées aux enfants; il nous aide à les transporter en ville. Et mon mari, qui est téméraire, s’est acheté une MX-5! C’est la voiture de sport de la famille. Comme elle n’a que deux places, je monte rarement dedans car mes enfants se disputent la place du passager. Mes deux fils préfèrent bien sûr monter avec papa car il conduit la voiture de sport plus que maman. À plusieurs reprises, j’ai dû faire office d’escorte, mon mari roulant devant avec l’un des garçons dans la MX-5, tandis que je le suivais avec notre autre fils dans le CX-30.

Quelle audace! N’êtes-vous pas parfois tentée de vous éclipser en MX-5? Peut-être pour un voyage entre filles avec une amie?
Mon mari m’a dit que je pouvais évidemment la prendre pour faire un tour. Mais comme nous n’avons la voiture que depuis un mois, je n’ai pas encore eu l’occasion. Ce serait merveilleux de faire un tour en MX-5 avec une amie. Je vais organiser ça dès que possible.

Voyez-vous le verre à moitié vide ou à moitié plein?
Je suis optimiste. Je suis têtue. Pour moi, garder des pensées positives, affronter les défis de manière optimiste, est fondamental pour atteindre n’importe quel objectif. J’ai beaucoup appris de mes enfants, dont l’esprit est très ouvert. On se rend compte que l’on accumule tout un ensemble d’hypothèses ou de barrières mentales qui nous font croire que l’on sait tout et que l’on n’a pas besoin d’aller au-delà de ce que l’on pense déjà savoir. S’autoriser à être surpris par les plus petits détails, ce sens de l’émerveillement que tant d’entre nous ont perdu à l’âge adulte, est une chose formidable. Nous passons devant une fleur, un arbre, et mes enfants s’arrêtent pour dire : « Oh maman! Il y a un champignon sur cet arbre. Regarde ça! C’est incroyable! » Ce sont ces détails qui sont l’essence de la vie, du bonheur et du charme de la vie.


Entretien Francheska Melendez / Photo Zoom Fran Monks

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