INSPIRation
Au fil de l’Inspiration
L’histoire de l’art japonais du kumihimo est celle de la créativité, de la beauté et d’un éternel défi pour la survie.
Quel est le point commun entre un habitacle Mazda, un cordon pour iPhone et un obi de kimono? Le fil conducteur est le kumihimo, l’art traditionnel japonais du tressage. Pendant plus de 1 300 ans, les cordons faits main ont été au cœur de la communauté : ils rehaussaient le mobilier des temples, fixaient les épées à la taille des samouraïs et décoraient les kimonos des femmes, avant de devenir des accessoires modernes – et d’inspirer les coutures du tout nouveau Mazda CX-90.
Grâce à son mélange incomparable de commodité et de potentiel créatif, l’art du kumihimo s’est très bien adapté au fil du temps. « Dans un seul cordon kumihimo, il existe une telle variété de couleurs et de motifs », explique Shun Hatta, artisan chez Showen Kumihimo, un fabricant de Kyoto. « Il associe l’art et la fonction mieux que tout autre type de cordon. »
Le caractère pratique des cordons kumihimo a fait que, pendant des siècles, ils ont été omniprésents dans la vie quotidienne, en attachant les lourds matériaux des armures et des kimonos, en reliant des parchemins et supportant les amulettes autour du cou. Par ailleurs, la beauté exaltante des tresses kumihimo en fait un véritable moyen d’expression. « Les couleurs et les motifs kumihimo choisis pour l’armure d’un samouraï reflétaient son état d’esprit au moment de partir au combat », explique Shuhei Kobayashi, artisan chez Domyo, un fabricant de Tokyo. « Le kumihimo avait aussi un aspect mode : les cordons du fourreau d’un samouraï présentaient de nombreuses variations.
Pour créer une pièce de qualité, l’artiste doit maîtriser des techniques affinées depuis des siècles, du choix du bon fil et de sa teinture aux brins entrelacés sur le métier à tisser pour créer un motif unique. Selon Kobayashi, le plus difficile est de garder un rythme constant et une main ferme pendant le tressage. « Je fais le vide dans mon esprit et je me concentre – aucun élément extérieur ne doit me perturber », explique-t-il.
FIL ROUGE
Au Japon, qu’il s’agisse de fixer la bride d’un casque de guerrier traditionnel ou d’attacher un kimono, l’art méticuleux du nouage devient une expression artistique. Inspirés par le concept de musubu – terme japonais signifiant « relier » ou « attacher ensemble » – pour ses habitacles (photo), les concepteurs de Mazda ont adopté des coutures caractéristiques, appelées kakenui. Cette technique de point suspendu introduit un espacement subtil, qui rappelle les liens trouvés sur les harnais japonais anciens et les cordons des obis de kimono (obijime). Dans le tout nouveau Mazda CX-90, elle suscite un sentiment de connexion entre la voiture et son conducteur. De même, l’espacement des coutures kakenui ajoute profondeur et dimension.
Depuis quelques années, le processus de tressage s’est mécanisé, mais les artistes kumihimos ne jurent que par la qualité inégalée d’un produit fait main. « Les éléments complexes, comme l’intégration d’images ou de mots dans le motif, sont toujours faits à la main », explique Hatta. Pour Kobayashi, c’est la touche humaine qui confère à la pièce finie sa complexité et sa délicatesse. « Le cordon fini ne doit être ni trop rigide, ni trop souple. Il faut faire ressortir une chaleur, ce qu’une machine ne saurait faire. »
L’art du kumihimo est aussi celui d’un esprit pionnier, qui repose sur l’habileté et l’imagination du créateur pour survivre. Au cours de sa longue histoire, le kumihimo a connu des périodes où il a failli disparaître, d’abord lorsque la classe des samouraïs a été dissoute à la fin du XIXe siècle et, plus récemment, lorsque les Japonaises ont privilégié la mode occidentale au détriment des kimonos pour leur tenue quotidienne. Cette forme d’art a survécu parce que ses adeptes n’ont cessé de la réinventer, de la rendre pertinente en incorporant le tressage kumihimo dans une gamme de produits de plus en plus large et en sortant des sentiers battus pour conquérir le consommateur moderne.
Aujourd’hui, le tressage kumihimo fait partie de la culture populaire mondiale et surgit là où on ne s’y attend pas. Par exemple, les fans de ONE PIECE adoreront le bracelet de collection officiel fabriqué par Showen Kumihimo, conçu en collaboration avec les créateurs de la version 2017 de ce dessin animé japonais. Et pendant la Covid, vous pouviez envoyer à votre ami(e) d’outre-mer un porte-bonheur aux couleurs de son drapeau national – Showen Kumihimo en a fabriqué un pour chacun des 201 pays et territoires du monde.
Au-delà des articles de fantaisie, le tressage kumihimo s’est étendu à la mode occidentale. Pour faire un cadeau unique, vous pouvez désormais acheter des cravates, des ceintures, des boucles d’oreilles et des porte-cartes kumihimo dans la boutique en ligne de Domyo. Si vous visitez Kyoto pendant vos vacances au Japon, vous pourrez vous essayer au tressage et suivre l’enseignement des maîtres lors des ateliers de Showen Kumihimo, adaptés aux étrangers.
Mais le plus beau dans le kumihimo, c’est qu’il s’agit d’un art japonais traditionnel que vous pouvez facilement transformer en passe-temps sans quitter votre canapé ni dépenser une fortune. En ligne, on trouve des kits de démarrage abordables que l’on peut acheter d’un simple clic.
Si vous n’êtes pas aussi concentré que Kobayashi, n’ayez crainte, on peut toujours corriger une erreur. « Si vous remarquez que quelque chose ne va pas, c’est sans doute parce que vous avez sauté une étape, explique-t-il. Démêlez ce que vous avez fait et recommencez. Et donnez-vous une marge de sécurité en revenant suffisamment en arrière. »
Quant à Hatta, il conseille de laisser libre cours à sa créativité. « L’important est d’essayer de nombreux styles de tressage et d’associations de couleurs, dit-il, et de découvrir toute la beauté du kumihimo. »
Texte Mariko Kato / Images Showen Kumihimo et Domyo
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